”On naissait, on travaillait, et on mourait Saint-Frères”. L'industrie du textile a nourri durant près de 200 ans les ouvriers de la vallée de la Nièvre. Les usines de Flixecourt ont définitivement arrêté leur activité il y a une vingtaine d'années, laissant sur le carreau les habitants de cette région rurale. Depuis, la création d'une bretelle d'autoroute a permis de redynamiser la ville, avec l'implantation d'une nouvelle zone d'activité offrant des postes d'intérim dans le tertiaire. Des emplois ont donc bien été créés, mais il n'y en a pas pour tout le monde. Dans la Somme, le taux de chômage est au dessus de la moyenne nationale et une personne sur trois a moins de 25 ans. Les jeunes subissent particulièrement la ségrégation résidentielle et scolaire, ce qui produit un vrai fossé social qui reste à combler.
Pour la BNF, j'ai rencontré des habitants qui se situent en marge du marché du travail, ceux qui en sont dépourvus et ceux qui parlent davantage de leur ”reste à vivre” que de leur pouvoir d’achat. En période de crise et d'inflation, je me suis demandée comment les familles gardent-elles la tête hors de l’eau pour se nourrir, se déplacer, accéder à l’emploi et continuer à se divertir ? Dans ces territoires qui cumulent les difficultés depuis des générations, je voulais montrer cette économie parallèle de la débrouille, de l'entraide, où les solidarités locales et intergénérationnelles sont particulièrement ancrées, mais où parfois aussi, le renoncement a pris le pas sur la résilience.
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